News d'Ill n°130 : Les nouveaux visages du travail
- Livreurs, isolés, exploités,indignés
- Jeunes, priorité aux valeurs
- Bénévoles, Les errements d’un engagement
À l’heure où l’inflation galope, salariés et salariées ont troqué leur bleu de travail contre une banderole. Dans les rues, ils ont manifesté pour leur salaire, entraînés par les raffineurs. « Augmentez nos salaires, pas la misère. » Le mouvement de protestation finit par décroître, mais illustre des dérèglements.
Pour le gouvernement, la priorité est donnée au plein-emploi et à la transformation de Pôle Emploi en « France Travail ». Le message est clair : « Il faut produire les richesses pour pouvoir les partager. » Le travail avant tout. Et pourtant... La mort d’un balayeur en 2016, après avoir enchaîné plus de quatorze heures d’activité, propose une autre vision des choses. Ses employeurs viennent d’être condamnés pour homicide involontaire par le tribunal de Beauvais.
Travailler sans arrêt, c’est prendre le risque de sacrifier sa santé mentale et physique, à l’image des chauffeurs routiers. Traqués par leurs employeurs au moyen d’outils technologiques présentés comme un progrès, certains doivent justifier leurs rares moments de repos pris après des heures de route nocturnes en solitaire. Les livreurs de nourriture, eux, sont leur propre patron, dans une course folle à la commande, synonyme de précarité.
Le télétravail s’est démocratisé, rendant possible le labeur partout et tout le temps. Ce basculement des frontières révèle les multiples facettes du travail. Comment ne pas voir la professionnalisation progressive des missions attribuées aux bénévoles ? Comment ne pas voir les efforts de ces femmes, encore trop souvent cantonnées aux tâches domestiques ? Sans oublier ces chômeurs pour qui le travail consiste justement à en retrouver un et ceux qui n’arrivent pas à vivre du leur.
La crise sanitaire a aussi bousculé le sens du travail. Le bien-être devient une revendication prioritaire. La lutte se matérialise dans notre quotidien, inondé d’anglicismes tel que le quiet quitting, repris par les jeunes. Pour eux, une promesse d’embauche ne justifie plus de contredire les valeurs auxquelles ils croient, parfois au grand dam des entreprises.
Comme les manifestants descendus dans la rue, la jeune génération lance un appel. Elle ne veut pas perdre sa vie à la gagner.
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